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Urgences pénales

Avocat / Victimes / Violences conjugales

OUEST FRANCE, 7 mars 2019

Justice à Rennes. Ils recevaient des coups de leur mère en essayant de défendre leur père

À la barre du tribunal correctionnel de Rennes, une femme devait répondre des mauvais traitements qu’elle infligeait à son mari et ses deux enfants Ouest-France

À la barre du tribunal correctionnel de Rennes, une femme devait répondre des mauvais traitements qu’elle infligeait à sa famille, son mari et ses deux enfants. La trentenaire a été condamnée à six mois de prison avec sursis.

Le tribunal correctionnel de Rennes devait juger, mercredi 6 mars, des violences conjugales. Sauf que, cette fois, sur le banc des parties civiles, c’est un homme qui accuse son épouse de lui faire vivre un enfer. Celle-ci comparaissait également pour des violences sur ses deux enfants, de 14 et 12 ans.

« C’est eux qui m’ont demandé de divorcer, car ils ne supportaient plus la situation », témoigne la victime qui compare l’ambiance au domicile familial, dans une commune au sud de Rennes, à « un blockhaus ». « Depuis toujours, je me rappelle que ma mère tape mon père » , ont révélé les enfants au cours de la procédure. C’est en voulant défendre leur père qu’ils recevaient des coups.

La version de la prévenue, âgée de 38 ans, est tout autre. Jugée pour trois épisodes de violence, commis entre octobre et décembre 2018, contre son conjoint, elle n’en reconnaît qu’un : le jet d’un téléphone portable sur le crâne de celui-ci au point de lui occasionner une blessure saignante alors qu’il conduisait.

« Il pensait qu’on ne le croirait pas »

Elle conteste également les violences sur les deux adolescents. « Comment vous expliquez alors les déclarations de vos enfants ? » l’interroge le président du tribunal. « C’est leur père qui leur remplit la tête depuis qu’ils sont tout petits, rétorque la prévenue. C’est inventé de toutes pièces pour ne pas que je lui pique la maison. »

« Ces violences durent depuis près de dix-sept ans. À l’instar de beaucoup d’autres hommes victimes de violence conjugale, il pensait qu’on ne le croirait pas , indique Me Maxime Tessier, porte-parole des victimes, Ils ont honte compte tenu de l’image de l’homme dans notre société   ».

Pendant dix-sept ans

Six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve ont été requis par le ministère public qui souligne que « la réponse pénale a déjà été vigoureuse avec un contrôle judiciaire brutal » infligé à la prévenue dans l’attente de l’audience.

« Le portrait de cette femme a été dressé sans nuance. Tout n’est pas noir ou blanc , estime, Me Pauline Kerloegan à la défense, Elle m’a raconté une histoire différente. Des propos dévalorisants et rabaissants étaient proférés à son encontre. Ce n’est pas la vérité de dire que cela a été dix-sept ans de prison.»