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Urgences pénales

LE TÉLÉGRAMME – SAINT BRIEUC – Procès devant la Cour d’assises pour complicité de viols incestueux

Par Dimitri ROUCHON-BORIE, le 7 novembre 2019

La cour d’assises des Côtes-d’Armor a condamné, jeudi, un père et une mère* à 18 ans et 13 ans de réclusion criminelle pour des viols incestueux sur trois de leurs enfants. Ils ont été déchus de leur autorité parentale.

[* Me Maxime TESSIER, avocat de la mère]

Le petit garçon est assis au premier rang, dans la grande salle d’audience. Un peu caché par le nuage des avocats enfilant leurs robes, des policiers approchant l’estrade, puis des surveillants pénitentiaires, équipés pour parer au pire, qui font soudain un relief sombre autour des deux accusés prenant place dans le box. Le petit garçon a commencé un dessin, avec l’application de son âge. Sa grande sœur, juste à côté, ouvre son cahier à croquis. Son frère, à gauche, ne cesse de regarder les deux adultes qui s’assoient à quelques mètres d’eux, derrière une vitre blindée. « Oh regarde, c’est maman », souffle soudain la petite fille. Le plus jeune lève la tête. Et ils replongent dans le dessin.

Masque sombre

Dans le box, la mère paraît figée. Elle retient un sourire. Comme si elle ne savait plus quel droit à la relation elle pouvait encore exprimer dans ce moment. Le père garde ce masque sombre qui ne l’a pas quitté pendant les quatre jours de leur procès devant la cour d’assises des Côtes-d’Armor.

Il est de marbre, lorsque la présidente, les assesseurs et les jurés prennent position dans la salle d’audience et annoncent le verdict : 18 ans de réclusion criminelle à son encontre, pour des viols incestueux sur ses trois enfants. Et notamment sa fille, et son petit garçon, ce qu’il contestait.

En entendant son nom, la fillette se fige. Puis elle se ressaisit, ouvre son sac à dos et range son cahier à dessin, tandis que la présidente poursuit l’énoncé de la peine. Suivi socio-judiciaire de 15 ans avec injonction de soins. Interdiction d’entrer en relation avec les victimes, ou des mineurs en général. La mère, elle, est condamnée à 13 ans de réclusion. La cour déchoit les deux accusés de leurs droits parentaux. Le petit garçon se tourne vers sa famille d’accueil.

« Ils ont payé cher leur enfance »

En clôturant l’audience pénale, la présidente de la cour d’assises à rendu les trois victimes à leur nouvelle vie. Un futur qui avait été au cœur des débats pendant ces quatre jours de procès abominables. « Ils ont payé si cher leur enfance », avait rappelé Me MANANT, ce mercredi soir, dans sa plaidoirie pour les parties civiles.

Il avait fait valoir la « douleur qu’il y a pour des enfants, en plus de tout, à mettre en défaut leurs parents ». Insisté sur le cas extrêmement difficile de l’aîné. Maltraité et distingué en même temps. Pris dans l’étau de l’abus et de la récompense, du chantage et de l’apprentissage d’une sexualité imposée en guise de punitions. « Traumatisme majeur » avait conclu l’expert pédopsychiatre, évoquant un enfant faisant face à ce défi constant de ne pas pouvoir « expliquer l’impensable ».

Maître Maxime TESSIER, avocat de la défense. (Le Télégramme/Dimitri Rouchon-Borie)

« Un cas rare d’inceste maternel »

« L’inconcevable », avait renchéri l’avocat général, ce jeudi matin. « Avec ici un cas exceptionnel et rare d’inceste maternel ». Certes parfois, la mère ne fait rien, mais « elle leur tient la main pour les rassurer, en leur disant ça ne va pas durer longtemps ». « Elle a contribué à laisser penser aux victimes que c’était la normalité, parce que papa et maman étaient d’accord ».

Restait aux avocats de la défense une tâche difficile. « Rendre à chacun sa responsabilité dans ce dossier » , selon Me Maxime TESSIER pour l’accusée. Une femme qui a tout perdu, qui n’a plus rien ». « À mes yeux, vous n’êtes pas un monstre, ce serait tellement trop simple, pour nous tous. »

«  Sans humanité, on ne retire rien de l’accusé, même pour les victimes » a conclu en écho Me JOURDAIN-DEMARS, pour le père.

N.B. Me Maxime TESSIER a également sollicité et obtenu l’acquittement de la mère pour acquisition et détention d’images à caractère pédopornographiques.